Pour Attirer l’attention en provoquant une réaction,
Pour Introduire mon travail dans son style et ses affinités graphiques
Pour Pousser à la réflexion, susciter la curiosité
Si vous lisez ce texte c’est que ce but est atteint au moins d’une façon. Et je vous invite à mieux comprendre mon approche en lisant les quelques lignes qui suivent. Peut-être dédiaboliserez-vous le diable lui même.
Savez-vous d’où vient le nom de « Lucifer » ? celui de « Satan » ?
Le mot « Satan » apparaîtra d’abord en hébreu (שָׂטָן – śāṭān ) dans la bible hébraique en tant que nom commun (principalement) ou verbe, désignant tantôt l’adversaire, tantôt l’accusateur. Il ne sera que peu utilisé des hébreux pour désigner des créatures célestes d’abord indéfinies, puis désignant un ange de Yahve, agissant d’ailleurs sous les ordres de ce dernier. (livre des nombres 22:22 et 22:32, Premier livre des Chroniques21.1, livre de Zacharie 3.1, livre de Job chapitre 1 et 2 ) Dans le livre de Job, le satan aura la fonction judiciaire de l’accusateur, assistant de Yahve lors du jugement de Job.
Ces apparitions dans les textes seront plutôt communes, et c’est dans le premier livre des chroniques que la notion de mal commence à y être liée. La communauté juive alors profondément divisée pourrait y avoir vu une allégorie politique, et le chroniste semblera utiliser Satan (pour la première fois en tant que nom propre potentiel) pour justifier un acte condamnable de Yahve, par un transfert de responsabilités.
A l’époque helléniste , d’autres points de vue commencent à circuler : la démonologie se développe sous diverses influences, et Satan apparaît alors comme le nom d’un démon dans le livre des Jubilés. Il est cependant toujours utilisé (par exemple dans le livre d’Hénoch ) en tant qu’ange du châtiment et accusateur au service de Dieu.
Dans la tradition chrétienne, ce mot sera lié au chef des anges déchus, conception appuyée sur les écrits des livres d’Isaïe et d’Ézéchiel, dans l’ancien et le nouveau testament, mais aussi beaucoup suite à l’enseignement de l’église catholique romaine. On l’identifie alors au serpent de la Genèse, a Belzébuth, Méphistophélès, et enfin à Lucifer, terme latin pourtant absent de l’ancien comme du nouveau testament.
Le nom de lucifer est lui tiré du latin. Composé des racines « lux », lumière, et « fero », porter, il signifie « porteur de lumière ». Ainsi, les romains désignent la planète Vénus de ce nom : elle est l’astre du matin, celle qui précède le lever du soleil et annonce l’arrivée de la lumière de l’aurore. On retrouve ainsi entre -29 et -19 avant J-C écrit dans l’Énéide « Et déjà des cimes du haut Ida se levait Lucifer ».
C’est donc comme adjectif, issu du sens latin, parfois au sens figuré de « porteur de la vérité » qu’on le retrouve d’abord dans les textes chrétiens, textes qui l’utiliseront par la suite pour traduire l’expression « astre brillant », « étoile du matin ».
On retrouve ainsi lucifer cité dans le deuxième épître de Pierre (2 Pierre 1:19) dans une traduction latine de la Vulgate : « Et habemus firmiorem propheticum sermonem: cui benefacitis attendentes quasi lucernae lucenti in caliginoso loco donec dies elucescat, et lucifer oriatur in cordibus vestris » , que nous traduisons aujourd’hui par «Ainsi nous tenons plus ferme la parole prophétique : vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans vos cœurs » , ainsi que dans l’Exultet, chant latin lithurgique toujours utilisé lors de la veillée pascale : « Flammas eius lucifer matutinus inveniat : ille, inquam, lucifer, qui nescit occasum, Christus Filius tuus qui, regressus ab inferis, humano generi serenus illuxit. » , soit « Qu’il brûle toujours lorsque se lèvera l’astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ ton Fils ressuscité qui, revenu des enfers, répand sur les hommes sa lumière et sa paix. » ,
Utilisé comme prénom, nous retrouvons ainsi Saint Lucifer, évèque de Cagliari (Sardaigne, mort entre 370 et 371 selon les écrits), à l’origine du schisme Luciférien. Une chapelle lui est dédiée au sein de la cathédrale Sainte Marie de Cagliari.
La bible de Jérusalem scellera la lien entre le nom de Lucifer et celui d’un roi babylonien déchu, tiré du livre d’Isaïe, par la vulgate (ici traduite) « comment es-tu tombé des cieux, Astre du matin(lucifer), Fils de L’aurore ». Ce thème sera plus tard repris pour symboliser la chute du démon depuis celle du tyran païen.
Lucifer arrivera ensuite comme nom propre sous sa forme définitive, et sera attribué a l’ange déchu pour s’être rebellé contre dieu, diabolisé, puis attribué à Satan.

Après ces notions d’éthymologie , place à mon interprétation personnelle de cet aspect théologique :
Nous assistons grâce à l’analyse éthymologique à la naissance de ces mythes religieux, et j’irai plus loin en observant que ces transitions ont lieu alors que les religion polythéistes, prépondérantes avant Jésus Christ, sont progressivement remplacées par les religions monothéistes.
Nouvellement créées, ces religions reprendront et adapteront de nombreux éléments des croyances des peuples qu’elles convertiront, tantôt pour faciliter l’acceptation des croyances (naissance de Jésus Christ juste après le solstice d’hiver, coïncidant avec le retour du soleil célébré par les païens) , tantôt pour transmettre des idées morales, ou pour diaboliser d’anciennes croyances : en liant le mot « lucifer » à satan, on rend répréhensible le fait de louer l’étoile du matin, vénus, et donc les textes polythéistes s’y rapportant. Ces derniers deviennent ainsi diaboliques, et les cultes païens tombent dans la sorcellerie. Il ne faut pas oublier que l’empire romain ne devient chrétien qu’à la fin du 4ème siècle, et que ce n’est qu’avec Clovis (466-511) que le christianisme dit nicéen devient la religion principale de notre pays !
Voilà comment le porteur de lumière devient créature terrifiante, et comment l’adversaire, l’accusateur, devient le mal incarné. Ces notions religieuses sont importantes pour moi, car elles mettent en lumière le fait que les religions sont construites, créées, et d’ailleurs bien plus récentes que ne le laisse penser notre calendrier.
Je suis non croyant, et vois les religions comme un moyen de transmettre un savoir inexplicable : pourquoi le soleil est visible moins longtemps en hiver, pourquoi il met 3 jours avant de sembler s’élever de nouveau plus haut. Elles apportent des réponses à des questions qui n’en auront jamais réellement : qu’y a t il après la mort ? Mais en aucun cas elles ne sont la vérité.
D’ailleurs, après de nombreux siècles d’évolution, notre société se transforme profondément, et la religion perd en importance : En France, la majorité de la population n’est plus croyante. L’image du diable s’est donc avec le temps transformée, et est de plus en plus liée à l’esprit de rébellion, d’opposition. C’est d’ailleurs ce qui est mis en avant par l’église de Satan ou le temple satanique, deux organisations non théiques originaires des USA, rationalistes, qui prônent l’égalitarisme, la justice sociale, le scepticisme, la curiosité, ou encore la séparation de l’église et de l’état. Satan y trouve la place d’une métaphore libertaire en opposition à l’image du christ, largement présente dans les milieux conservateurs .
L’image du diable est aussi très fortement utilisée dans le folklore d’une sous culture qui m’est chère : Celle des amateurs de musique métal. C’est encore une fois par esprit d’opposition que cette image en est devenue un élément récurrent. On la retrouve très tôt utilisée par une grande variété de groupes afin de dénoncer, de choquer, de provoquer une réaction, et d’attirer l’attention sur des sujets de société. En se développant, le style se complexifiera beaucoup, mais le thème du diable en restera un des éléments clef : il permet de facilement symboliser la rébellion face à une société inégalitaire, en étant en opposition aux croyances chrétiennes de la majorité des pays dans lesquels le style s’est développé. Les dérives sectaires liées à la musique sont insignifiantes de par leur nombre, et ont servi d’exemple à ne pas suivre, tant le public a accepté l’imagerie diabolique comme un simple élément de folklore musical et graphique.
D’un point de vue plus personnel encore, je pousserai la réflexion du côté de la philosophie en posant la question de savoir si la création artistique en elle même ne serait pas un péché, l’artiste tentant, consciemment ou non, d’égaler dieu en créant la vie et le mouvement d’un simple geste sur l’objet froid et immobile qu’est son support, d’un simple coup de crayon, de pinceau ?
Vous l’aurez compris, ce nom est donc le reflet de nombreuses réflexions et, loin d’être dans l’irrespect, témoigne d’une réelle curiosité générale, tant envers les sciences qu’envers les différentes croyances et leurs fondements, d’un point de vue cartésien, étant dans l’analyse. J’ai d’ailleurs une grande admiration pour les monuments religieux et leurs bâtisseurs, de part ma vie professionnelle (tailleur de pierre est un de mes métiers), mais aussi de part mon sens artistique et mes sensibilités personnelles.
Comme vous pourrez le remarquer, mes créations sont principalement sombres, j’aime les ambiances nocturnes, nuagueuses , tantôt éthérées ou lourdes. En travaillant depuis un fond noir, j’aime dessiner la lumière, au lieu de chercher à créer l’ombre, chaque trait, chaque coup de pinceau nous approchant un peu plus de la clarté, et n’utiliser le noir que pour amener plus de détails par petites touches. Ainsi, là où l’oeuvre semble sombre, je n’ait fait que porter la lumière.
J’aime m’inspirer des vanités, du vide, et donner une aura fantastique à un objet ordinaire. Tenter de sublimer les choses en les rendant plus mélancoliques , J’aime aller chercher une énergie, essayer d’identifier la force qui anime un sujet, la faire mienne, trouver sa dynamique graphique. Je suis à la recherche de la grandeur, du sublime, de cet effet qui nous fait nous sentir petit face à la nature, face au monde. J’aime les perspectives fortes qui attirent le regard et créent cet effet de gigantisme.
Ajoutons à cela mes inspirations : Je pourrais citer le travail de l’artiste polonais Zbigniew M . Bielak, et ses perspectives folles, surréalistes, aux détails innombrables et étroitement intriqués. Je pourrais aussi citer Olivier Ledroit, principalement connu pour son travail sur les chroniques de la lune noire ou requiem, deux bandes dessinées qui ont bercé mon adolescence. Nous pouvons ajouter aussi Peter Mohrbacher, et son travail sur sa série des anges, œuvres magistrales à mes yeux. Puis viennent L’enfer de Dante, des frères Brizzi, les gravures de Gustave Doré, ou encore d’innombrables pochettes d’albums de musique metal et leur esthétique morbide, gore, sanglante. Le cinéma d’horreur, fantastique, de science fiction, et les innombrables mondes visuels que la pop culture nous a fait découvrir ces dernières décennies, les rêves ou cauchemards que j’ai pu faire. Mes erreurs, mes craintes, mes peurs, les épreuves de la vie, sont autant d’inspirations pour moi. Et la musique. La musique !
Actuellement, mon travail est principalement centré sur de l’expérimentation technique, de nombreux exercices , essais et erreurs. Tout simplement parce que bien qu’ayant toujours aimé dessiner et peindre, je n’ai pris conscience de mes capacités qu’en 2023. Je suis de plus profondément autodidacte dans ma façon de fonctionner, et donc progresse en piochant où je le peux les informations dont j’ai besoin à un instant donné, ou en m’essayant à de nouvelles choses sans savoir exactement ou je vais, juste en ayant une idée en tête et en tentant de m’en approcher. Les concours auxquels je participe sont donc d’une importance capitale pour moi : Ils me donnent un cadre physique et temporel, m’obligent à sortir de ma zone de confort, m’offrent l’opportunité d’avoir des retours de la part de personnes sensibles à l’art, ou de professionnels, et m’aident dans une certaine mesure à me faire connaître. Les œuvres réalisées, bien qu’empruntes de ma personnalité, sont cependant différentes de celles que j’imagine pour mes créations personnelles, encore au stade de la conception.
Vous pourrez voir ma progression des deux dernières années au travers de la sélection que j’ai réalisée pour ce portfolio.